Les niveaux de pluie cumulés cette année sur le bassin de l’Yzeron, comme ailleurs dans…
L’eau devient de plus en plus rare. Ce contexte impose une évolution radicale de la prise en compte et de la gestion de cette ressource vitale dans l’aménagement du territoire. Explications avec Anne Grosperrin, Vice-présidente au Sagyrc et Vice-présidente chargée du Cycle de l’eau à la Métropole de Lyon, en charge de la stratégie « ville perméable ».
Pourquoi doit-on changer la manière de faire la ville pour préserver nos ressources en eau ?
Les villes se sont développées et aménagées au XIXème siècle alors que dominaient des enjeux hygiénistes. A cette époque, l’objectif était d’envoyer les eaux usées et les eaux de pluies le plus loin et le plus vite possible, pour éviter les risques sanitaires. L’aménagement urbain a souvent ignoré les cours d’eau, en les enterrant, en les chenalisant, tandis que les sols, de plus en plus artificialisés, augmentaient le ruissellement et le risque inondation lors des fortes pluies. Aujourd’hui, nous devons gérer les conséquences de cette histoire et adapter nos territoires rapidement car le changement climatique intensifie les risques. Les épisodes de pluie sont moins fréquents mais beaucoup plus violents et parallèlement les sécheresses démarrent de plus en plus tôt en saison. La situation hydrique des nappes d’eau souterraine est préoccupante. L’eau est plus rare, plus vulnérable, mais toujours aussi vitale.
Comment adapter nos villes, nos territoires à ces nouveaux enjeux ?
Aujourd’hui nous envoyons 85% des eaux pluviales dans le réseau des eaux usées.
Les conséquences sont délétères : les réseaux d’assainissement sont saturés et en cas de fortes pluies, ils débordent et déversent des pollutions dans le milieu naturel.
Pour remédier à cet état de fait, nous devons agir dans deux directions complémentaires : prendre en compte la ressource en eau en amont de tout projet d’aménagement et rendre nos villes et nos territoires plus perméables. C’est une politique d’adaptation indispensable et un changement radical dans nos manières de faire.
Par ailleurs, certains réseaux sont vétustes, poreux et drainent des eaux claires parasites, c’est-à-dire des eaux propres, qui se retrouvent sans raison dans les stations d’épuration et manquent aux milieux naturels. Nous devons donc améliorer l’entretien de notre patrimoine réseaux.
Concrètement, comment cela se traduit-il ?
Rendre la ville plus perméable, c’est d’abord rendre l’eau aux sols, là où elle tombe et donc arrêter de gérer les eaux de pluie avec des tuyaux. Les intérêts sont nombreux : réduire le ruissellement et le risque inondation, améliorer le fonctionnement des réseaux d’assainissement et contribuer à la climatisation de la ville. C’est, en outre, indispensable pour garantir la pérennité de la végétation. Planter beaucoup d’arbres, c’est indispensable, encore faut-il qu’ils aient assez d’eau pour survivre. Nous avons donc, par exemple, dans la Métropole de Lyon développé les « arbres de pluie ». Nous élargissons les fosses d’arbres, les bordures des trottoirs sont supprimées et l’eau de pluie s’écoule dans des tranchées d’infiltration et vient alimenter les racines des arbres situés à proximité. Dans le cadre de travaux sur la voirie nous privilégions les revêtements poreux, la réalisation de noues ou d’ouvrage d’infiltration des eaux pluviales. Ces solutions fondées sur la nature sont désormais mises en œuvre dans de nombreux projets, notamment pour les nouvelles lignes de tramway et dans tous les projets urbains. La Métropole de Lyon souhaite être moteur dans cette nouvelle manière de faire.
Et sur le bassin versant de l’Yzeron, dont seulement une partie est sur le territoire métropolitain, quelles sont les actions prévues ?
Le Sagyrc travaille actuellement pour fédérer les différents acteurs du territoire autour d’un contrat avec l’Agence de l’Eau. L’objectif est de développer et d’encourager les actions en faveur du bon état des milieux aquatiques. Sur le bassin versant de l’Yzeron cela se traduira par exemple par un développement massif de l’infiltration des eaux de pluies et de fortes ambitions en matière de gestion des réseaux enterrés. Les acteurs de l’assainissement, comme le SIAHVY, y sont très favorables. Nous réfléchissons également à développer sur l’amont du bassin versant des mini stations d’épuration des eaux usées, avec des filtres plantés de roseaux, là encore pour resituer « en circuit court » les eaux traitées au milieu naturel. Nous travaillons aussi avec différents acteurs du territoire pour promouvoir les démarches d’économies d’eau et préserver la ressource notamment la nappe du Garon. Enfin, dans le cadre de sa mission d’entretien des milieux aquatiques, le Sagyrc souhaite développer, restaurer et valoriser les zones humides, surveiller l’évolution des cours d’eau et poursuivre une politique d’aménagement au service de la restauration de leur bon fonctionnement. Toutes ces projets participent à une gestion vertueuse de l’eau.
Pour toute question sur la démarche d’élaboration du contrat
Jeanne Duprè la Tour
Chargée de mission Sagyrc
04 37 22 67 60
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